Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
PRIESTLEY.

ne pouvait pas exécuter si aisément la réforme que ses propres découvertes rendaient imminente. Privé de connaissances chimiques, la théorie devait être son écueil, et d’autant plus qu’il en sentait moins l’importance.

Comme il fait ses expériences sans motif et sans plan arrêté, leurs résultats ne se groupent jamais dans son esprit ; aussi, à mesure qu’il trouve des corps nouveaux, il s’égare davantage. Plus ses découvertes se multiplient, moins il s’en rend compte ; plus la lumière qui doit jaillir de ses observations semble près de briller, et plus l’obscurité de ses idées se montre profonde.

Rien de curieux comme la lecture de ses ouvrages.

Toujours disposé à donner à quelque hasard le mérite de ses découvertes, Priestley affecte beaucoup d’humilité dans ses écrits, mais il y parle constamment de lui. Il fait bon marché de ses opinions ; mais il n’en abandonne aucune, et il attaque avec aigreur les opinions d’autrui. Pour lui, les faits sont tout ; il leur porte le plus grand respect et ne refuse jamais de s’y soumettrez, pourvu toutefois qu’il soit question des faits qu’il a observés. Quant aux faits d’autrui, ils lui semblent tous douteux ou même falsifiés ; lui seul est homme exact, véridique et bon raisonneur.

Priestley s’est rendu justice en avouant ce que