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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

étaient ignorées. Il faut se le rappeler, pour comprendre tout l’intérêt des moindres épreuves auxquelles Priestley s’avisait de les soumettre. Sur des êtres si nouveaux pour la Science et la plupart si étranges, tous les essais avaient de l’intérêt et souvent même une haute valeur. Peu importait alors, en vérité, qu’ils fussent déterminés par une puissante logique, ou bien par le hasard ; ses travaux sur les gaz et sur l’air en particulier n’en jetaient pas moins une lumière inattendue sur les phénomènes les plus vulgaires. C’est lui qui, l’un des premiers en effet, est venu fournir au monde quelques notions expérimentales sur l’air, la respiration, la combustion, la calcination, c’est-à-dire sur ces grandes opérations qui sans cesse altèrent, modifient, renouvellent l’aspect du globe et sans lesquelles notre terre, avec sa surface éternellement aride et immuable, parcourrait l’espace comme un cadavre inutile.

Mais, pour coordonner les faits qu’il observait, pour imaginer la théorie générale à laquelle il préparait de si riches matériaux, il fallait cette logique puissante qui lui a manqué, il fallait un vrai génie. Or, si Priestley pouvait, sans connaissances chimiques, découvrir des gaz, les étudier, mettre à nu leurs propriétés et faire une foule d’observations détachées, toujours utiles et souvent même éclatantes, Priestley