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SCHÉELE.

corps qui s’est emparé de l’oxygène et dont il croit que cet air corrompu garde toujours quelque chose.

Ainsi Schéele, avec des expériences dont le nombre, la variété, l’exactitude, vous étonnent à chaque instant, arrive à des conclusions si erronées et si étranges, que Lavoisier les a dissipées d’un souffle.

C’est que Schéele, comme Becher, comme Stahl, attache la plus grande importance aux modifications de la forme des corps, et presque aucune aux modifications de leur poids. D’où résulte que Schéele demeure infaillible tant qu’il se borne à traiter les questions où les modifications de la matière se bornent à la forme, et qu’il erre à chaque pas dès qu’il aborde celles qui exigent la notion du poids, l’emploi de la balance.

Schéele montre tout ce qu’on peut, et juste ce qu’on peut, avec les moyens limités auxquels son éducation, son caractère, les circonstances et sa fortune l’ont borné, quand on possède la pénétration extrême de son esprit, la rectitude de son jugement, l’adresse exercée dont il fait constamment preuve, et, sur toutes choses, quand on est doué de cette persévérance infatigable qu’il a mise à suivre chaque œuvre jusqu’au bout, sans se laisser détourner par aucun obstacle et jusqu’à ce qu’il fût satisfait du résultat.

Schéele s’est élevé à toute la hauteur qu’il pouvait