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dans mes bras ; dites-moi, doutez-vous un instant de mon amour ? croyez-vous que je ne m’éloigne pas le cœur brisé ? croyez-vous que le moment le plus heureux de ma vie ne sera pas celui où je rentrerai dans cette petite maison qui nous dérobe au monde tout entier ?… Vivre avec vous de cette vie de frère et de sœur, avec l’espoir seulement de jours plus heureux encore, croyez-vous que ce n’était pas pour moi un bonheur plus grand que je n’avais jamais osé l’espérer ?… oh ! dites-moi, le croyez-vous ?…

— Oui, je le crois, me répondit Pauline ; car il y aurait de l’ingratitude à en douter. Votre amour a été pour moi si délicat et si élevé, que je puis en parler sans rougir, comme je parlerais d’une de vos vertus… Quant à ce bonheur plus grand que vous espérez, Alfred, je ne le comprends pas !… Notre bonheur, j’en suis certaine, tient à la pureté même de nos relations ; et plus ma position est étrange et sans pareille peut-être, plus je suis déliée de mes devoirs envers la société, plus, pour moi-même, je dois être sévère à les accomplir…