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Mon désir avait été exécuté à la lettre : un feu immense brûlait dans la grande cheminée de marbre blanc supportée par des amours dorés ; sa lueur se répandait dans la chambre et lui donnait un aspect gai, qui contrastait si bien avec ma terreur qu’elle commença à se passer. Cette chambre était tendue de damas rouge à fleurs, et ornée au plafond et aux portes d’une foule d’arabesques et d’enroulemens plus capricieux les uns que les autres, représentant des danses de faunes et de satyres dont les masques grotesques riaient d’un rire d’or au foyer qu’ils reflétaient. Je n’étais cependant pas rassurée au point de me coucher ; d’ailleurs il était à peine huit heures du soir. Je substituai donc simplement un peignoir à ma robe, et, comme j’avais remarqué que le temps était beau, je voulus ouvrir ma fenêtre afin d’achever de me rassurer par la vue calme et sereine de la nature endormie ; mais, par une précaution dont je crus pouvoir me rendre compte en l’attribuant à ces bruits d’assassinats répandus dans les environs, les volets en avaient été fermés en dedans. Je revins donc m’asseoir près de la table au coin de mon feu,