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que je l’aimais en la recevant ? Mais aussi que pouvais-je faire ? un éclat devant des valets, des domestiques. Non ; mais la remettre à ma mère, lui tout dire, lui tout avouer… Lui avouer quoi ? des terreurs d’enfant, et voilà tout. Puis ma mère, qu’eût-elle pensé à la lecture d’une pareille lettre ? Elle aurait cru que d’un mot, d’un geste, d’un regard, j’avais encouragé le comte. Sans cela, de quel droit me dirait-il que je l’aimais ? Non, je n’oserais jamais rien dire à ma mère…

Mais cette lettre, il fallait la brûler d’abord et avant tout. Je l’approchai de la bougie, elle s’enflamma, et ainsi que tout ce qui a existé et qui n’existe plus, elle ne fut bientôt qu’un peu de cendres. Puis je me déshabillai promptement, je me hâtai de me mettre au lit, et je soufflai aussitôt mes lumières afin de me dérober à moi-même et de me cacher dans la nuit. Oh ! comme malgré l’obscurité je fermai les yeux, comme j’appuyai mes mains