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fus obligée de donner aux préparatifs de cette soirée, un reste de cette insouciance joyeuse de jeune fille, que je n’avais pas perdue encore, l’espoir d’un bal, dans une saison où il y en a si peu, firent diversion à mes terreurs insensées, et éloignèrent momentanément le fantôme qui me poursuivait. Le jour désiré arriva enfin ; il s’écoula pour moi dans une espèce de fièvre d’activité, que ma mère ne m’avait jamais connue ; elle était tout heureuse de la joie que je me promettais. Pauvre mère !

Dix heures sonnèrent, j’étais prête depuis vingt minutes, je ne sais comment cela s’était fait : moi, toujours en retard, c’était moi qui, ce soir-là, attendais ma mère. Nous partîmes enfin ; presque toute notre société d’hiver était revenue comme nous à Paris pour cette fête. Je retrouvai mes amies de pension mes danseurs d’habitude, et jusqu’à ce plaisir vif et joyeux de jeune fille, qui, depuis un an ou deux déjà, commençait à s’amortir.