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LA SALLE D’ARMES.

Ceux qui ont lu mon Voyage en Suisse se rappelleront peut-être ce jeune homme qui servait de cavalier à une femme mystérieuse et voilée qui m’était apparue pour la première fois à Fluélen, lorsque je courais avec Francesco pour rejoindre la barque qui devait nous conduire à la pierre de Guillaume Tell : ils n’auront point oublié alors que, loin de m’attendre, Alfred de Nerval, que j’espérais avoir pour compagnon de voyage, avait hâté le départ des bateliers, et, quittant la rive au moment, où j’en étais encore éloigné de trois cents pas, m’avait fait de la main un signe, à la fois d’adieu et d’amitié, que je traduisis par ces mots : « Pardon, cher ami, j’aurais grand plaisir à te revoir, mais je ne suis pas seul, et… » À ceci j’avais répondu par un autre signe qui voulait dire : « Je comprends parfaitement. » Et je m’étais arrêté et incliné en marque d’obéissance à cette décision, si sévère qu’elle me parut ; de sorte que, faute de barque et de bateliers, ce ne fut que le