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— Passez devant, dit-il, et appelez-moi Monsieur.

Ils entrèrent dans le cabinet.

Rosa était toujours à la même place, appuyée à la fenêtre et regardant par les vitres dans le jardin.

— Ah ! ah ! une Frisonne, dit le prince en apercevant le casque d’or et les jupes rouges de Rosa.

Celle-ci se retourna au bruit, mais à peine vit-elle le prince, qui s’asseyait à l’angle le plus obscur de l’appartement.

Toute son attention, on le comprend, était pour cet important personnage que l’on appelait van Systens, et non pour cet humble étranger qui suivait le maître de la maison, et qui probablement ne s’appelait pas.

L’humble étranger prit un livre dans la bibliothèque et fit signe à van Systens de commencer l’interrogatoire.

Van Systens, toujours à l’invitation du jeune homme à l’habit violet, s’assit à son tour, et tout heureux et tout fier de l’importance qui lui était accordée :

— Ma fille, dit-il, vous me promettez la vérité, toute la vérité sur cette tulipe ?

— Je vous la promets.

— Eh bien, parlez donc devant monsieur ; monsieur est un des membres de la Société horticole.

— Monsieur, dit Rosa, que vous dirai-je que je ne vous ai point dit déjà ?

— Eh bien alors ?

— Alors, j’en reviendrai à la prière que je vous ai adressée.

— Laquelle ?

— De faire venir ici M. Boxtel avec sa tulipe ; si je ne la reconnais pas pour la mienne, je le dirai franchement :