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Gryphus était défiant ; il endormit ses défiances, disons-nous, en le flattant d’une alliance avec Rosa.

Il caressa en outre ses instincts de geôlier, après avoir flatté son orgueil de père. Il caressa ses instincts de geôlier en lui peignant sous les plus sombres couleurs le savant prisonnier que Gryphus tenait sous ses verrous, et qui, au dire du faux Jacob, avait passé un pacte avec Satan pour nuire à Son Altesse le prince d’Orange.

Il avait d’abord aussi bien réussi près de Rosa, non pas en lui inspirant des sentiments sympathiques, Rosa avait toujours fort peu aimé mynheer Jacob, mais en lui parlant mariage et passion folle, il avait d’abord éteint tous les soupçons qu’elle eût pu avoir.

Nous avons vu comment son imprudence à suivre Rosa dans le jardin l’avait dénoncé aux yeux de la jeune fille et comment les craintes instinctives de Cornélius avaient mis les deux jeunes gens en garde contre lui.

Ce qui avait surtout inspiré des inquiétudes au prisonnier, notre lecteur doit se rappeler cela, c’est cette grande colère dans laquelle Jacob était entré contre Gryphus, à propos du caïeu écrasé.

En ce moment, cette rage était d’autant plus grande, que Boxtel soupçonnait bien Cornélius d’avoir un second caïeu, mais n’en était rien moins que sûr.

Ce fut alors qu’il épia Rosa et la suivit non seulement au jardin, mais encore dans les corridors.

Seulement, comme cette fois il la suivait dans la nuit et nu-pieds, il ne fut ni vu ni entendu.

Excepté cette fois où Rosa crut avoir vu passer quelque chose comme une ombre dans l’escalier.