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et son gilet, entre son gilet et sa chemise, entre sa chemise et sa chair ; on ne trouva rien.

On chercha dans les draps, dans les matelas, dans la paillasse du lit ; on ne trouva rien.

Ce fut alors que Cornélius se félicita de ne point avoir accepté le troisième caïeu. Gryphus, dans cette perquisition, l’eût bien certainement trouvé, si bien caché qu’il fût, et il l’eût traité comme le premier.

Au reste, jamais prisonnier n’assista d’un visage plus serein à une perquisition faite dans son domicile.

Gryphus se retira avec le crayon et les trois ou quatre feuilles de papier blanc que Rosa avait donnés à Cornélius ; ce fut le seul trophée de l’expédition.

À six heures, Gryphus revint, mais seul ; Cornélius voulut l’adoucir, mais Gryphus grogna, montra un croc qu’il avait dans le coin de la bouche, et sortit à reculons, comme un homme qui a peur qu’on ne le force.

Cornélius éclata de rire.

Ce qui fit que Gryphus, qui connaissait les auteurs, lui cria à travers la grille :

— C’est bon, c’est bon ; rira bien qui rira le dernier.

Celui qui devait rire le dernier, ce soir-là du moins, c’était Cornélius, car Cornélius attendait Rosa.

Rosa vint à neuf heures ; mais Rosa vint sans lanterne. Rosa n’avait plus besoin de lumière, elle savait lire.

Puis la lumière pouvait dénoncer Rosa, espionnée plus que jamais par Jacob.

Puis enfin, à la lumière, on voyait trop la rougeur de Rosa lorsque Rosa rougissait.

De quoi parlèrent les deux jeunes gens ce soir-là ? Des choses dont parlent les amoureux au seuil d’une porte en