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XIV

LES PIGEONS DE DORDRECHT.


C’était déjà certes un grand honneur pour Cornélius van Baerle que d’être enfermé justement dans cette même prison qui avait reçu le savant M. Grotius.

Mais une fois arrivé à la prison, un honneur bien plus grand l’attendait. Il se trouva que la chambre habitée par l’illustre ami de Barneveldt était vacante à Loewestein, quand la clémence du prince d’Orange y envoya le tulipier van Baerle.

Cette chambre avait bien mauvaise réputation dans le château depuis que, grâce à l’imagination de sa femme, M. Grotius s’en était enfui dans le fameux coffre à livres qu’on avait oublié de visiter.

D’un autre côté, cela parut de bien bon augure à van Baerle, que cette chambre lui fût donnée pour logement ; car enfin, jamais, selon ses idées à lui, un geôlier n’eût dû faire habiter à un second pigeon la cage d’où un premier s’était si facilement envolé.

La chambre est historique. Nous ne perdrons donc pas notre temps à en consigner ici les détails, sauf une alcôve qui avait été pratiquée pour madame Grotius. C’était une chambre de prison comme les autres, plus élevée peut-être ; aussi, par la fenêtre grillée, avait-on une charmante vue.