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LA REINE MARGOT.

— Que diable veut-il donc dire, et à propos de quoi sonnera-t-on le tocsin ? N’importe ! je persiste dans mon opinion : c’est un charmant Tédesco que M. de Besme. Si j’attendais le comte de La Mole ?… Ah ! ma foi, non ; il est probable qu’il soupera avec le roi de Navarre.

Et Coconnas se dirigea vers la rue de l’Arbre-Sec, où l’attirait comme un aimant l’enseigne de la Belle-Étoile.

Pendant ce temps une porte de la galerie correspondant aux appartements du roi de Navarre s’ouvrit, et un page s’avança vers M. de La Mole.

— C’est bien vous qui êtes le comte de La Mole ? dit-il.

— C’est moi-même.

— Où demeurez-vous ?

— Rue de l’Arbre-Sec, à la Belle-Étoile.

— Bon ! c’est à la porte du Louvre. Écoutez… Sa Majesté vous fait dire qu’elle ne peut vous recevoir en ce moment ; peut-être cette nuit vous enverra-t-elle chercher. En tout cas, si demain matin vous n’aviez pas reçu de ses nouvelles, venez au Louvre.

— Mais si la sentinelle me refuse la porte ?

— Ah ! c’est juste… Le mot de passe est Navarre ; dites ce mot, et toutes les portes s’ouvriront devant vous.

— Merci.

— Attendez, mon gentilhomme ; j’ai ordre de vous reconduire jusqu’au guichet, de peur que vous ne vous perdiez dans le Louvre.

— À propos, et Coconnas ? se dit La Mole à lui-même quand il se trouva hors du palais. Oh ! il sera resté à souper avec le duc de Guise.

Mais en rentrant chez maître La Hurière, la première figure qu’aperçut notre gentilhomme fut celle de Coconnas attablé devant une gigantesque omelette au lard.

— Oh ! oh ! s’écria Coconnas en riant aux éclats, il paraît que vous n’avez pas plus dîné chez le roi de Navarre que je n’ai soupé chez M. de Guise.

— Ma foi, non.

— Et la faim vous est-elle venue ?

— Je crois que oui.

— Malgré Plutarque ?

— Monsieur le comte, dit en riant La Mole, Plutarque dit dans un autre endroit : « Qu’il faut que celui qui a partage