Page:Dumas - La Reine Margot (1886).djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
LA REINE MARGOT.

Alors Catherine abattit la crête pâlie de l’animal, ouvrit avec précaution le crâne, et le séparant de manière à laisser à découvert les lobes du cerveau, elle essaya de trouver la forme d’une lettre quelconque sur les sinuosités sanglantes que trace la division de la pulpe cérébrale.

— Toujours, s’écria-t-elle en frappant dans ses deux mains, toujours ! et cette fois le pronostic est plus clair que jamais. Viens et regarde.

René s’approcha.

— Quelle est cette lettre ? lui demanda Catherine en lui désignant un signe.

— Un H, répondit René.

— Combien de fois répété ?

René compta.

— Quatre, dit-il.

— Eh bien ! eh bien ! est-ce cela ? Je le vois, c’est-à-dire Henri IV. Oh ! gronda-t-elle en jetant le couteau, je suis maudite dans ma postérité.

C’était une effrayante figure que celle de cette femme pâle comme un cadavre, éclairée par la lugubre lumière et crispant ses mains sanglantes.

— Il régnera, dit-elle avec un soupir de désespoir, il régnera !

— Il régnera, répéta René enseveli dans une rêverie profonde.

Cependant, bientôt cette expression sombre s’effaça des traits de Catherine à la lumière d’une pensée qui semblait éclore au fond de son cerveau.

— René, dit-elle en étendant la main vers le Florentin sans détourner sa tête inclinée sur sa poitrine, René, n’y a-t-il pas une terrible histoire d’un médecin de Pérouse qui, du même coup, à l’aide d’une pommade, a empoisonné sa fille et l’amant de sa fille ?

— Oui, Madame.

— Et cet amant, c’était… ? continua Catherine toujours pensive.

— C’était le roi Ladislas, Madame.

— Ah ! oui, c’est vrai ! murmura-t-elle. Avez-vous quelques détails sur cette histoire ?

— Je possède un vieux livre qui en traite, répondit René.