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LA REINE MARGOT.

Mercandon et sa femme virent la lame terrible luire comme un éclair au-dessus de la tête de leur fils.

— Mon fils, mon Olivier, hurla la mère, abjure… abjure !

— Abjure, cher enfant ! cria Mercandon, se roulant aux pieds de Coconnas, ne nous laisse pas seuls sur la terre.

— Abjurez tous ensemble ! cria Coconnas ; pour un Credo, trois âmes et une vie !

— Je le veux bien, dit le jeune homme.

— Nous le voulons bien, crièrent Mercandon et sa femme.

— À genoux, alors ! dit Coconnas, et que ton fils récite mot à mot la prière que je vais te dire.

Le père obéit le premier.

— Je suis prêt, dit l’enfant.

Et il s’agenouilla à son tour.

Coconnas commença alors à lui dicter en latin les paroles du Credo. Mais, soit hasard, soit calcul, le jeune Olivier s’était agenouillé près de l’endroit où avait volé son épée. À peine vit-il cette arme à la portée de sa main, que, sans cesser de répéter les paroles de Coconnas, il étendit le bras pour la saisir. Coconnas aperçut le mouvement, tout en faisant semblant de ne pas le voir. Mais, au moment où le jeune homme touchait du bout de ses doigts crispés la poignée de l’arme, il s’élança sur lui, et le renversant :

— Ah ! traître ! dit-il.

Et il lui plongea sa dague dans la gorge.

Le jeune homme jeta un cri, se releva convulsivement sur un genou et retomba mort.

— Ah ! bourreau ! hurla Mercandon, tu nous égorges pour nous voler les cent nobles à la rose que tu nous dois.

— Ma foi non, dit Coconnas, et la preuve…

En disant ces mots, Coconnas jeta aux pieds du vieillard la bourse qu’avant son départ son père lui avait remise pour acquitter sa dette avec son créancier.

— Et la preuve, continua-t-il, c’est que voilà votre argent.

— Et toi, voici ta mort ! cria la mère de la fenêtre.

— Prenez garde, monsieur de Coconnas, prenez garde, dit la dame de l’hôtel de Guise.

Mais avant que Coconnas eût pu tourner la tête pour se rendre à ce dernier avis ou pour se soustraire à la première menace, une masse pesante fendit l’air en sifflant, s’abattit à