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l’arme aiguë, qui resta fichée dans le parquet, jeta un cri lamentable, s’affaissa sur lui-même et roula sur le plancher.

En même temps le sang jaillit en abondance de ses lèvres et de son nez.

— Jésus ! dit-il, on me tue : à moi ! à moi !

Catherine, qui l’avait suivi, le vit tomber ; elle regarda un instant impassible et sans bouger ; puis rappelée à elle, non par l’amour maternel, mais par la difficulté de la situation, elle ouvrit en criant :

— Le roi se trouve mal ! au secours ! au secours !

À ce cri un monde de serviteurs, d’officiers et de courtisans s’empressèrent autour du jeune roi. Mais avant tout le monde une femme s’était élancée, écartant les spectateurs et relevant Charles pâle comme un cadavre.

— On me tue, nourrice, on me tue, murmura le roi baigné de sueur et de sang.

— On te tue, mon Charles ! s’écria la bonne femme en parcourant tous les visages avec un regard qui fit reculer jusqu’à Catherine elle-même ; et qui donc cela qui te tue ?

Charles poussa un faible soupir et s’évanouit tout à fait.

— Ah ! dit le médecin Ambroise Paré, qu’on avait envoyé chercher à l’instant même, ah ! voilà le roi bien malade !

— Maintenant, de gré ou de force, se dit l’implacable Catherine, il faudra bien qu’il accorde un délai.

Et elle quitta le roi pour aller joindre son second fils, qui attendait avec anxiété dans l’oratoire le résultat de cet entretien si important pour lui.




X

l’horoscope.


En sortant de l’oratoire, où elle venait d’apprendre à Henri d’Anjou tout ce qui s’était passé, Catherine avait trouvé René dans sa chambre.