Il se montra très-difficile sur le choix des termes pour d’Alençon ; mais quant au discours de Henri d’Anjou, il y apporta plus que du mauvais vouloir : il fut acharné à corriger et à reprendre.
Cette séance, sans rien faire éclater encore, avait lourdement envenimé les esprits.
Henri d’Anjou, qui avait son discours à refaire presque entièrement, sortit pour se mettre à cette tâche. Marguerite, qui n’avait pas eu de nouvelles du roi de Navarre depuis celles qui lui avaient été données au détriment des vitres de sa fenêtre, retourna chez elle dans l’espérance de l’y voir venir.
D’Alençon, qui avait lu l’hésitation dans les yeux de son frère d’Anjou, et surpris entre lui et sa mère un regard d’intelligence, se retira pour rêver à ce qu’il regardait comme une cabale naissante. Enfin, Charles allait passer dans sa forge pour achever un épieu qu’il se fabriquait lui-même, lorsque Catherine l’arrêta.
Charles, qui se doutait qu’il allait rencontrer chez sa mère quelque opposition à sa volonté, s’arrêta et la regarda fixement :
— Eh bien ! dit-il, qu’avons-nous encore ?
— Un dernier mot à échanger, sire. Nous avons oublié ce mot, et cependant il est de quelque importance. Quel jour fixons-nous pour la séance publique ?
— Ah ! c’est vrai, dit le roi en se rasseyant ; causons-en, mère. Eh bien ! à quand vous plaît-il que nous fixions le jour ?
— Je croyais, répondit Catherine, que dans le silence même de Votre Majesté, dans son oubli apparent, il y avait quelque chose de profondément calculé.
— Non, dit Charles ; pourquoi cela, ma mère ?
— Parce que, ajouta Catherine très-doucement, il ne faudrait pas, ce me semble, mon fils, que les Polonais nous vissent courir avec tant d’âpreté après cette couronne.
— Au contraire, ma mère, dit Charles, ils se sont hâtés, eux, en venant à marches forcées de Varsovie ici… Honneur pour honneur, politesse pour politesse.
— Votre Majesté peut avoir raison dans un sens, comme dans l’autre je pourrais ne pas avoir tort. Ainsi, son avis est que la séance publique doit être hâtée ?