En ce moment, et comme après avoir tout mis sens dessus dessous La Mole commençait à se répandre en invectives contre les voleurs qui se glissaient jusque dans le Louvre, un page du duc d’Alençon parut avec le précieux manteau tant demandé.
— Ah ! s’écria La Mole, le voilà, enfin !
— Votre manteau, Monsieur ? dit le page… Oui ; Monseigneur l’avait fait prendre chez vous pour s’éclaircir à propos d’un pari qu’il avait fait sur la nuance.
— Oh ! dit La Mole, je ne le demandais que parce que je veux sortir, mais si Son Altesse désire le garder encore…
— Non, monsieur le comte, c’est fini.
Le page sortit ; La Mole agrafa son manteau.
— Eh bien ! continua La Mole, à quoi te décides-tu ?
— Je n’en sais rien.
— Te retrouverai-je ici ce soir ?
— Comment veux-tu que je te dise cela ?
— Tu ne sais pas ce que tu feras dans deux heures ?
— Je sais bien ce que je ferai, mais je ne sais pas ce qu’on me fera faire.
— La duchesse de Nevers ?
— Non, le duc d’Alençon.
— En effet, dit La Mole, je remarque que depuis quelque temps il te fait force amitiés.
— Mais oui, dit Coconnas.
— Alors ta fortune est faite, dit en riant La Mole.
— Peuh ! fit Coconnas, un cadet !
— Oh ! dit La Mole, il a si bonne envie de devenir l’aîné, que le ciel fera peut-être un miracle en sa faveur. Ainsi tu ne sais pas où tu seras ce soir ?
— Non.
— Au diable, alors… ou plutôt adieu !
— Ce La Mole est terrible, dit Coconnas, pour vouloir toujours qu’on lui dise où l’on sera ! est-ce qu’on le sait ? D’ailleurs, je crois que j’ai envie de dormir. Et il se recoucha.
Quant à La Mole, il prit son vol vers les appartements de la reine. Arrivé au corridor que nous connaissons, il rencontra le duc d’Alençon.
— Ah ! c’est vous, monsieur de La Mole ? lui dit le prince.
— Oui, Monseigneur, répondit La Mole en saluant avec respect.