de la reine mère, à l’arrivée du capitaine des gardes chargé de déblayer la place, il s’était réfugié chez madame de Sauve.
Henri pria Charlotte de garder le jeune homme jusqu’à ce qu’il eût des nouvelles de de Mouy, qui, du lieu où il s’était retiré, ne pouvait manquer de lui écrire. Alors il enverrait Othon porter sa réponse à de Mouy, et, au lieu d’un homme dévoué, il pouvait alors compter sur deux.
Ce plan arrêté, il était revenu chez lui et philosophait en se promenant de long en large, lorsque tout à coup la porte s’ouvrit et le roi parut.
— Votre Majesté ! s’écria Henri en s’élançant au-devant du roi.
— Moi-même… En vérité, Henriot, tu es un excellent garçon, et je sens que je t’aime de plus en plus.
— Sire, dit Henri, Votre Majesté me comble.
— Tu n’as qu’un tort, Henriot.
— Lequel ? celui que Votre Majesté m’a déjà reproché plusieurs fois, dit Henri, de préférer la chasse à courre à la chasse au vol ?
— Non, non, je ne parle pas de celui-là, Henriot, je parle d’un autre.
— Que Votre Majesté s’explique, dit Henri, qui vit au sourire de Charles que le roi était de bonne humeur, et je tâcherai de me corriger.
— C’est, ayant de bons yeux comme tu les as, de ne pas voir plus clair que tu ne vois.
— Bah ! dit Henri, est-ce que, sans m’en douter, je serais myope, sire ?
— Pis que cela, Henriot, pis que cela, tu es aveugle.
— Ah ! vraiment, dit le Béarnais ; mais ne serait-ce pas quand je ferme les yeux que ce malheur-là m’arrive ?
— Oui-da ! dit Charles, tu en es bien capable. En tout cas, je vais te les ouvrir, moi.
— Dieu dit : Que la lumière soit, et la lumière fut. Votre Majesté est le représentant de Dieu en ce monde ; elle peut donc faire sur la terre ce que Dieu fait au ciel : j’écoute.
— Quand Guise a dit hier soir que ta femme venait de passer, escortée d’un dameret, tu n’as pas voulu le croire !
— Sire, dit Henri, comment croire que la sœur de Votre Majesté commette une pareille imprudence ?