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Et elle alla s’asseoir, pensive et sombrement recueillie, à la fenêtre qui donnait sur la cour du Louvre et de laquelle on découvrait le principal guichet.

Depuis deux heures elle était là immobile et pâle comme une statue de marbre, lorsqu’elle aperçut enfin rentrant au Louvre une troupe de cavaliers à la tête desquels elle reconnut Charles et Henri de Navarre.

Alors elle comprit tout. Charles, au lieu de discuter avec elle sur l’arrestation de son beau-frère, l’avait emmené et sauvé ainsi.

— Aveugle, aveugle, aveugle ! murmura-t-elle ; et elle attendit.

Un instant après des pas retentirent dans la chambre à côté, qui était le cabinet des Armes.

— Mais, sire, disait Henri, maintenant que nous voilà rentrés au Louvre, dites-moi pourquoi vous m’en avez fait sortir et quel est le service que vous m’avez rendu ?

— Non pas, non pas, Henriot, répondit Charles en riant. Un jour tu le sauras peut-être ; mais pour le moment c’est un mystère. Sache seulement que pour l’heure tu vas, selon toute probabilité, me valoir une rude querelle avec ma mère.

En achevant ces mots, Charles souleva la tapisserie et se trouva face à face avec Catherine.

Derrière lui et par-dessus son épaule apparaissait la tête pâle et inquiète du Béarnais.

— Ah ! vous êtes ici, Madame ! dit Charles IX en fronçant le sourcil.

— Oui, mon fils, dit Catherine. J’ai à vous parler.

— À moi ?

— À vous seul.

— Allons, allons, dit Charles en se retournant vers son beau-frère, puisqu’il n’y avait pas moyen d’y échapper, le plus tôt est le mieux.

— Je vous laisse, sire, dit Henri.

— Oui, oui, laisse-nous, répondit Charles ; et puisque tu es catholique, Henriot, va entendre la messe à mon intention, moi je reste au prêche.

Henri salua et sortit.

Charles IX alla au-devant des questions que venait lui adresser sa mère.