sentes, je dis cela pour les sottises passées et à venir. Mais ne discutons pas là-dessus, nous n’avons pas de temps à perdre.
— Vous partez donc toujours ?
— Cette nuit.
— Les affaires pour lesquelles vous étiez revenu à Paris sont donc terminées ?
— Je n’y suis revenu que pour vous.
— Gascon !
— Ventre-saint-gris ! ma mie, je dis la vérité ; mais écartons ces souvenirs : j’ai encore deux ou trois heures à être heureux, et puis une séparation éternelle.
— Ah ! sire, dit madame de Sauve, il n’y a d’éternel que mon amour.
Henri venait de dire qu’il n’avait pas le temps de discuter, il ne discuta donc point ; il crut, ou, le sceptique qu’il était, il fit semblant de croire.
Cependant, comme l’avait dit le roi de Navarre, de Mouy et ses deux compagnons étaient cachés aux environs de la maison.
Il était convenu que Henri sortirait à minuit de la petite maison au lieu d’en sortir à trois heures ; qu’on irait comme la veille reconduire madame de Sauve au Louvre, et que de là on irait rue de la Cerisaie, où demeurait Maurevel.
C’était seulement pendant la journée qui venait de s’écouler que de Mouy avait enfin eu notion certaine de la maison qu’habitait son ennemi.
Ils étaient là depuis une heure à peu près, lorsqu’ils virent un homme, suivi à quelques pas de cinq autres, qui s’approchait de la porte de la petite maison, et qui, l’une après l’autre, essayait plusieurs clefs.
À cette vue, de Mouy, caché dans l’enfoncement d’une porte voisine, ne fit qu’un bond de sa cachette à cet homme, et le saisit par le bras.
— Un instant, dit-il, on n’entre pas là.
L’homme fit un bond en arrière, et en bondissant son chapeau tomba.
— De Mouy de Saint-Phale ! s’écria-t-il.
— Maurevel ! hurla le huguenot enlevant son épée. Je te cherchais ; tu viens au-devant de moi, merci !