Et il suivit l’huissier, qui marchait devant lui de son pas compassé et tenant sa baguette noire.
Malgré la satisfaction qu’il avait témoignée dans un premier mouvement, Coconnas jetait, tout en marchant, un regard inquiet à droite et à gauche, devant et derrière.
— Oh ! oh ! murmura-t-il, je n’aperçois pas mon digne geôlier : j’avoue que sa présence me manque.
On entra dans la salle que venaient de quitter les juges, et où demeurait seul debout un homme que Coconnas reconnut pour le procureur général, qui avait plusieurs fois, dans le cours de l’interrogatoire, porté la parole, et toujours avec une animosité facile à reconnaître.
En effet, c’était celui à qui Catherine, tantôt par lettre, tantôt de vive voix, avait particulièrement recommandé le procès.
Un rideau levé laissait voir le fond de cette chambre, et cette chambre, dont les profondeurs se perdaient dans l’obscurité, avait dans ses parties éclairées un aspect si terrible que Coconnas sentit que les jambes lui manquaient et s’écria :
— Oh ! mon Dieu !
Ce n’était pas sans cause que Coconnas avait poussé ce cri de terreur.
Le spectacle était en effet des plus lugubres. La salle, cachée pendant l’interrogatoire par ce rideau, qui était levé maintenant, apparaissait comme le vestibule de l’enfer.
Au premier plan on voyait un chevalet de bois garni de cordes, de poulies et d’autres accessoires tortionnaires. Plus loin flambait un brasier qui reflétait ses lueurs rougeâtres sur tous les objets environnants, et qui assombrissait encore la silhouette de ceux qui se trouvaient entre Coconnas et lui. Contre une des colonnes qui soutenaient la voûte, un homme immobile comme une statue se tenait debout une corde à la main.
On eût dit qu’il était de la même pierre que la colonne à laquelle il adhérait. Sur les murs, au-dessus des bancs de grès, entre des anneaux de fer, pendaient des chaînes et reluisaient des lames.
— Oh ! murmura Coconnas, la salle de la torture toute préparée et qui semble ne plus attendre que le patient ! Qu’est-ce que cela signifie ?
— À genoux, Marc-Annibal Coconnas, dit une voix qui