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tremblant en attendant à son tour qu’on le reconduisît au Châtelet où il était enfermé :

— Bien, Monsieur, lui dit-il, soyez tranquille, la reine et le roi sauront que c’est à vous qu’ils auront dû de connaître la vérité.

Mais au lieu de lui rendre de la force, cette promesse parut atterrer René, et il ne répondit qu’en poussant un profond soupir.




XXVII

la torture du brodequin.

Ce fut seulement lorsqu’on l’eut reconduit dans son nouveau cachot et qu’on eut refermé la porte derrière lui, que Coconnas, abandonné à lui-même et cessant d’être soutenu par la lutte avec les juges et par sa colère contre René, commença la série de ses tristes réflexions.

— Il me semble, se dit-il à lui-même, que cela tourne au plus mal, et qu’il serait temps d’aller un peu à la chapelle. Je me défie des condamnations à mort ; car incontestablement on s’occupe de nous condamner à mort à cette heure. Je me défie surtout des condamnations à mort qui se prononcent dans le huis-clos d’un château fort devant des figures aussi laides que toutes ces figures qui m’entouraient. On veut sérieusement nous couper la tête, hum ! hum !… Je reviens donc à ce que je disais, il serait temps d’aller à la chapelle.

Ces mots prononcés à demi voix furent suivis d’un silence, et ce silence fut interrompu par un cri sourd, étouffé, lugubre, et qui n’avait rien d’humain ; ce cri sembla percer la muraille épaisse et vint vibrer sur le fer de ses barreaux.

Coconnas frissonna malgré lui : et cependant c’était un homme si brave que chez lui la valeur ressemblait à l’in-