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— Vous reconnaissez donc qu’elle existe ?

— Dame ! si on me la montre.

— La voici. Est-ce celle que vous connaissez ?

— Très bien.

— Greffier, dit le président, écrivez que l’accusé reconnaît la statue pour l’avoir vue chez M. de La Mole.

— Non pas, non pas, dit Coconnas, ne confondons point : pour l’avoir vue chez René.

— Chez René, soit ! Quel jour ?

— Le seul jour où nous y avons été, M. de La Mole et moi.

— Vous avouez donc que vous avez été chez René avec M. de La Mole ?

— Ah çà ! est-ce que je m’en suis jamais caché ?

— Greffier, écrivez que l’accusé avoue avoir été chez René pour faire des conjurations.

— Holà, hé ! tout beau, tout beau, monsieur le président. Modérez votre enthousiasme, je vous prie : je n’ai pas dit un mot de tout cela.

— Vous niez que vous avez été chez René pour faire des conjurations ?

— Je le nie. La conjuration s’est faite par accident, mais sans préméditation.

— Mais elle a eu lieu ?

— Je ne puis nier qu’il se soit fait quelque chose qui ressemblait à un charme.

— Greffier, écrivez que l’accusé avoue qu’il s’est fait chez René un charme contre la vie du roi.

— Comment ! contre la vie du roi ! C’est un infâme mensonge. Il ne s’est jamais fait de charme contre la vie du roi.

— Vous le voyez, Messieurs, dit La Mole.

— Silence ! fit le président ; puis se retournant vers le greffier : Contre la vie du roi, continua-t-il. Y êtes-vous ?

— Mais non, mais non, dit Coconnas. D’ailleurs, la statue n’est pas une statue d’homme, mais de femme.

— Eh bien ! Messieurs, que vous avais-je dit ? reprit La Mole.

— Monsieur de La Mole, dit le président, vous répondrez quand nous vous interrogerons ; mais n’interrompez pas l’interrogatoire des autres.

— Ainsi, vous dites que c’est une femme ?

— Sans doute, je le dis.