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— Ah ! oui, c’est vrai ; j’oublie toujours que j’ai un frère, murmura Charles en riant avec amertume. Et vous dites donc, Madame…

— Qu’il a heureusement révélé le côté matériel de la conspiration à Votre Majesté. Mais tandis qu’il ne cherchait, lui, enfant inexpérimenté, que les traces d’un complot ordinaire, que les preuves d’une escapade de jeune homme, je cherchais, moi, des preuves d’une action bien plus importante ; car je connais la portée de l’esprit du coupable.

— Ah çà ! mais, ma mère, on dirait que vous parlez du roi de Navarre ? dit Charles voulant voir jusqu’où irait cette dissimulation florentine.

Catherine baissa hypocritement les yeux.

— Je l’ai fait arrêter, ce me semble, et conduire à Vincennes pour l’escapade en question, continua le roi ; serait-il donc encore plus coupable que je ne le soupçonne ?

— Sentez-vous la fièvre qui vous dévore ? demanda Catherine.

— Oui, certes, Madame, dit Charles en fronçant le sourcil.

— Sentez-vous la chaleur brûlante qui ronge votre cœur et vos entrailles ?

— Oui, Madame, répondit Charles en s’assombrissant de plus en plus.

— Et des douleurs aiguës de tête qui passent par vos yeux pour arriver à votre cerveau, comme autant de coups de flèches ?

— Oui, oui, Madame ; oh ! je sens bien tout cela ! Oh ! vous savez bien décrire mon mal !

— Eh bien ! cela est tout simple, dit la Florentine ; regardez…

Et elle tira de dessous son manteau un objet qu’elle présenta au roi.

C’était une figurine de cire jaunâtre, haute de six pouces à peu près. Cette figurine était vêtue d’abord d’une robe étoilée d’or, en cire, comme la figurine ; puis d’un manteau royal de même matière.

— Eh bien ! demanda Charles, qu’est-ce que cette petite statue ?

— Voyez ce qu’elle a sur la tête, dit Catherine.

— Une couronne, répondit Charles.

— Et au cœur ?