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— Cependant qu’ont-ils fait depuis que vous êtes malade ?

— Rien, c’est vrai… mais si vous aviez entendu ce qu’ils ont dit… en vérité, Madame, on voudrait être malade rien que pour entendre de si savantes dissertations.

— Eh bien ! moi, mon fils, voulez-vous que je vous dise une chose ?

— Comment donc ? dites, ma mère.

— Eh bien, je soupçonne que tous ces grands docteurs ne connaissent rien à votre maladie !

— Vraiment, Madame !

— Qu’ils voient peut-être un résultat, mais que la cause leur échappe.

— C’est possible, dit Charles ne comprenant pas où sa mère en voulait venir.

— De sorte qu’ils traitent le symptôme au lieu de traiter le mal.

— Sur mon âme ! reprit Charles étonné, je crois que vous avez raison, ma mère.

— Eh bien, moi, mon fils, dit Catherine, comme il ne convient ni à mon cœur ni au bien de l’État que vous soyez malade si longtemps, attendu que le moral pourrait finir par s’affecter chez vous, j’ai rassemblé les plus savants docteurs.

— En art médical, Madame ?

— Non, dans un art plus profond, dans l’art qui permet non seulement de lire dans les corps, mais encore dans les cœurs.

— Ah ! le bel art, Madame, fit Charles, et qu’on a raison de ne pas l’enseigner aux rois ! Et vos recherches ont eu un résultat ? continua-t-il.

— Oui.

— Lequel ?

— Celui que j’espérais ; et j’apporte à Votre Majesté le remède qui doit guérir son corps et son esprit.

Charles frissonna. Il crut que sa mère, trouvant qu’il vivait trop longtemps encore, avait résolu d’achever sciemment ce qu’elle avait commencé sans le savoir.

— Et où est-il, ce remède ? dit Charles en se soulevant sur un coude et en regardant sa mère.

— Il est dans le mal même, répondit Catherine.

— Alors où est le mal ?

— Écoutez-moi, mon fils, dit Catherine. Avez-vous en-