remercier, tous, d’avoir accepté la couronne, et le roi de l’avoir donnée. N’est-ce pas, Messieurs ?
— Oui ! oui ! crièrent vingt voix : vive le duc d’Alençon ! vive le roi Charles !
— Je ne suis pas le roi des huguenots, dit François pâlissant de colère ; puis, jetant à la dérobée un regard sur Charles : Et j’espère bien, ajouta-t-il, ne l’être jamais.
— N’importe ! dit Charles, vous saurez, Henri, que je trouve tout cela étrange.
— Sire, dit le roi de Navarre avec fermeté, on dirait, Dieu me pardonne, que je subis un interrogatoire ?
— Et si je vous disais que je vous interroge, que répondriez-vous ?
— Que je suis roi comme vous, sire, dit fièrement Henri, car ce n’est pas la couronne, mais la naissance, qui fait la royauté, et que je répondrai à mon frère et à mon ami, mais jamais à mon juge.
— Je voudrais bien savoir, cependant, murmura Charles, à quoi m’en tenir une fois dans ma vie.
— Qu’on amène M. de Mouy, dit d’Alençon, vous le saurez. M. de Mouy doit être pris.
— M. de Mouy est-il parmi les prisonniers ? demanda le roi.
Henri eut un moment d’inquiétude, et échangea un regard avec Marguerite ; mais ce moment fut de courte durée.
Aucune voix ne répondit.
— M. de Mouy n’est point parmi les prisonniers, dit M. de Nancey ; quelques-uns de nos hommes croient l’avoir vu, mais aucun n’en est sûr.
D’Alençon murmura un blasphème.
— Eh ! dit Marguerite en montrant La Mole et Coconnas, qui avaient entendu tout le dialogue, et sur l’intelligence desquels elle croyait pouvoir compter, sire, voici deux gentilshommes de M. d’Alençon, interrogez-les, ils répondront.
Le duc sentit le coup.
— Je les ai fait arrêter justement pour prouver qu’ils ne sont point à moi, dit le duc.
Le roi regarda les deux amis, et tressaillit en revoyant La Mole.
— Oh ! oh ! encore ce Provençal, dit-il.
Coconnas salua gracieusement.
— Que faisiez-vous quand on vous a arrêtés ? dit le roi.