une table couverte d’un immense tapis qui lui servait de retraite.
Charles ramassa le livre et vit avec joie qu’il n’y manquait qu’un feuillet ; et encore n’était-il pas une page de texte, mais une gravure.
Il le plaça avec soin sur un rayon où Actéon ne pouvait atteindre. D’Alençon le regardait faire avec inquiétude. Il eût voulu fort que ce livre, maintenant qu’il avait fait sa terrible mission, sortît des mains de Charles.
Six heures sonnèrent.
C’était l’heure à laquelle le roi devait descendre dans la cour encombrée de chevaux richement caparaçonnés, d’hommes et de femmes richement vêtus. Les veneurs tenaient sur leurs poings leurs faucons chaperonnés ; quelques piqueurs avaient les cors en écharpe au cas où le roi, fatigué de la chasse au vol, comme cela lui arrivait quelquefois, voudrait courre un daim ou un chevreuil.
Le roi descendit, et, en descendant, ferma la porte de son cabinet des Armes.
D’Alençon suivait chacun de ses mouvements d’un ardent regard et lui vit mettre la clef dans sa poche.
En descendant l’escalier, il s’arrêta, porta la main à son front.
Les jambes du duc d’Alençon tremblaient non moins que celles du roi.
— En effet, balbutia-t-il, il me semble que le temps est à l’orage.
— À l’orage au mois de janvier ? dit Charles, vous êtes fou ! Non, j’ai des vertiges, ma peau est sèche, je suis faible, voilà tout.
Puis à demi voix :
— Ils me tueront, continua-t-il, avec leur haine et leurs complots.
Mais en mettant le pied dans la cour, l’air frais du matin, les cris des chasseurs, les saluts bruyants de cent personnes rassemblées, produisirent sur Charles leur effet ordinaire.
Il respira libre et joyeux.
Son premier regard avait été pour chercher Henri. Henri était près de Marguerite.
Ces deux excellents époux semblaient ne se pouvoir quitter tant ils s’aimaient.