tant un cavalier rappelant son faucon, puis il aura voulu lire, puis il aura essayé de tourner les feuillets.
Une sueur froide passa sur le front de François.
— Va-t-il appeler ? dit-il. Est-ce un poison d’un effet soudain ? Non, non, sans doute, puisque ma mère m’a dit qu’il devait mourir lentement de consomption.
Cette pensée le rassura un peu.
Dix minutes se passèrent ainsi, siècle d’agonie usé seconde par seconde, et chacune de ces secondes fournissant tout ce que l’imagination invente de terreurs insensées, un monde de visions.
D’Alençon n’y put tenir davantage, il se leva, traversa son antichambre, qui commençait à se remplir de gentilshommes.
— Salut, Messieurs, dit-il, je descends chez le roi.
Et pour tromper sa dévorante inquiétude, pour préparer un alibi peut-être, d’Alençon descendit effectivement chez son frère. Pourquoi descendait-il ? Il l’ignorait… Qu’avait-il à lui dire ?… Rien ! Ce n’était point Charles qu’il cherchait, c’était Henri qu’il fuyait.
Il prit le petit escalier tournant et trouva la porte du roi entr’ouverte.
Les gardes laissèrent entrer le duc sans mettre aucun empêchement à son passage : les jours de chasse il n’y avait ni étiquette ni consigne.
François traversa successivement l’antichambre, le salon et la chambre à coucher sans rencontrer personne ; enfin il songeait que Charles était sans doute dans son cabinet des Armes, et poussa la porte qui donnait de la chambre à coucher dans le cabinet.
Charles était assis devant une table, dans un grand fauteuil sculpté à dossier aigu ; il tournait le dos à la porte par laquelle était entré François.
Il paraissait plongé dans une occupation qui le dominait.
Le duc s’approcha sur la pointe du pied ; Charles lisait.
— Pardieu ! s’écria-t-il tout à coup, voilà un livre admirable. J’en avais bien entendu parler, mais je n’avais pas cru qu’il existât en France.
D’Alençon tendit l’oreille, et fit un pas encore.
— Maudites feuilles, dit le roi en portant son pouce à ses lèvres et en pesant sur le livre pour séparer la page qu’il