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— Dame ! répondit Henri, si vous restez, je n’ai aucun motif pour m’en aller, moi. Je ne partais que pour vous suivre, par dévouement, pour ne pas quitter un frère que j’aime.

— Ainsi, dit d’Alençon, c’en est fait de tous nos plans ; vous vous abandonnez sans lutte au premier entraînement de la mauvaise fortune ?

— Moi, dit Henri, je ne regarde pas comme une mauvaise fortune de demeurer ici ; grâce à mon caractère insoucieux, je me trouve bien partout.

— Eh bien, soit ! dit d’Alençon, n’en parlons plus ; seulement, si vous prenez quelque résolution nouvelle, faites-la-moi savoir.

— Corbleu ! je n’y manquerai pas, croyez-le bien, répondit Henri. N’est-il pas convenu que nous n’avons pas de secrets l’un pour l’autre ?

D’Alençon n’insista pas davantage et se retira tout pensif, car, à un certain moment, il avait cru voir trembler la tapisserie du cabinet de toilette.

En effet, à peine d’Alençon était-il sorti, que cette tapisserie se souleva et que Marguerite reparut.

— Que pensez-vous de cette visite ? demanda Henri.

— Qu’il y a quelque chose de nouveau et d’important.

— Et que croyez-vous qu’il y ait ?

— Je n’en sais rien encore ; mais je le saurai.

— En attendant ?

— En attendant, ne manquez pas de venir chez moi demain soir.

— Je n’aurai garde d’y manquer, Madame ! dit Henri en baisant galamment la main de sa femme.

Et avec les mêmes précautions qu’elle en était sortie, Marguerite rentra chez elle.