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— Qu’il entre, dit vivement Charles.

M. de Nancey entra, salua le roi, et se tournant vers Catherine :

— Madame, dit-il, les ordres de Votre Majesté sont exécutés : il est pris.

— Comment, il ? s’écria Catherine fort troublée ; n’en avez-vous pris qu’un ?

— Il était seul, Madame.

— Et s’est-il défendu ?

— Non, il soupait tranquillement dans une chambre, et a remis son épée à la première sommation.

— Qui cela ? demanda le roi.

— Vous allez voir, dit Catherine. Faites entrer le prisonnier, monsieur de Nancey.

Cinq minutes après, de Mouy fut introduit.

— De Mouy ! s’écria le roi ; et qu’y a-t-il donc, Monsieur ?

— Eh ! sire, dit de Mouy avec une tranquillité parfaite, si Votre Majesté m’en accorde la permission, je lui ferai la même demande.

— Au lieu de faire cette demande au roi, dit Catherine, ayez la bonté, monsieur de Mouy, d’apprendre à mon fils quel est l’homme qui se trouvait dans la chambre du roi de Navarre certaine nuit, et qui, cette nuit-là, en résistant aux ordres de Sa Majesté comme un rebelle qu’il est, a tué deux gardes et blessé M. de Maurevel ?

— En effet, dit Charles en fronçant le sourcil ; sauriez-vous le nom de cet homme, monsieur de Mouy ?

— Oui, sire ; Votre Majesté désire-t-elle le connaître ?

— Cela me ferait plaisir, je l’avoue.

— Eh bien ! sire, il s’appelait de Mouy de Saint-Phale.

— C’était vous ?

— Moi-même !

Catherine, étonnée de cette audace, recula d’un pas vers le jeune homme.

— Et comment, dit Charles IX, osâtes-vous résister aux ordres du roi ?

— D’abord, sire, j’ignorais qu’il y eût un ordre de Votre Majesté ; puis je n’ai vu qu’une chose, ou plutôt qu’un homme, M. de Maurevel, l’assassin de mon père et de M. l’amiral. Je me suis rappelé alors qu’il y avait un an et demi, dans cette même chambre où nous sommes, pendant la soirée du 24