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de faire demander cette dernière pour transcrire certaines lettres importantes, et depuis cinq minutes elle était chez la reine.

— C’est bien, dit Orthon, j’attendrai.

Et, profitant de sa familiarité dans la maison, le jeune homme passa dans la chambre à coucher de la baronne, et après s’être bien assuré qu’il était seul, il déposa le billet derrière le miroir.

Au moment même où il éloignait sa main de la glace, Catherine entra.

Orthon pâlit, car il semblait que le regard rapide et perçant de la reine mère s’était tout d’abord porté sur le miroir.

— Que fais-tu là, petit ? demanda Catherine ; ne cherches-tu point madame de Sauve ?

— Oui, Madame ; il y avait longtemps que je ne l’avais vue, et en tardant encore à la venir remercier je craignais de passer pour un ingrat.

— Tu l’aimes donc bien, cette chère Charlotte ?

— De toute mon âme, Madame.

— Et tu es fidèle, à ce qu’on dit ?

— Votre Majesté comprendra que c’est une chose bien naturelle quand elle saura que madame de Sauve a eu de moi des soins que je ne méritais pas, n’étant qu’un simple serviteur.

— Et dans quelle occasion a-t-elle eu de toi ces soins ? demanda Catherine, feignant d’ignorer l’événement arrivé au jeune garçon.

— Madame, lorsque je fus blessé.

— Ah ! pauvre enfant ! dit Catherine, tu as été blessé ?

— Oui, Madame.

— Et quand cela ?

— Le soir où l’on vint pour arrêter le roi de Navarre. J’eus si grand’peur en voyant des soldats, que je criai, j’appelai ; l’un d’eux me donna un coup sur la tête et je tombai évanoui.

— Pauvre garçon ! Et te voilà bien rétabli, maintenant ?

— Oui, Madame.

— De sorte que tu cherches le roi de Navarre pour rentrer chez lui ?

— Non, Madame. Le roi de Navarre, ayant appris que j’avais osé résister aux ordres de Votre Majesté, m’a chassé sans miséricorde.