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XIV

orthon.


Henri, même après le refus du duc d’Alençon, qui remettait tout en question, jusqu’à son existence, était devenu, s’il était possible, encore plus grand ami du prince qu’il ne l’était auparavant.

Catherine conclut de cette intimité que les deux princes non-seulement s’entendaient, mais encore conspiraient ensemble. Elle interrogea là-dessus Marguerite ; mais Marguerite était sa digne fille, et la reine de Navarre, dont le principal talent était d’éviter une explication scabreuse, se garda si bien des questions de sa mère, qu’après avoir répondu à toutes, elle la laissa plus embarrassée qu’auparavant.

La Florentine n’eut donc plus pour la conduire que cet instinct intrigant qu’elle avait apporté de la Toscane, le plus intrigant des petits États de cette époque, et ce sentiment de haine qu’elle avait puisé à la cour de France, qui était la cour la plus divisée d’intérêts et d’opinions de ce temps.

Elle comprit d’abord qu’une partie de la force du Béarnais lui venait de son alliance avec le duc d’Alençon, et elle résolut de l’isoler.

Du jour où elle eut pris cette résolution, elle entoura son fils avec la patience et le talent du pêcheur, qui, lorsqu’il a laissé tomber les plombs loin du poisson, les traîne insensiblement jusqu’à ce que de tous côtés ils aient enveloppé sa proie.

Le duc François s’aperçut de ce redoublement de caresses, et de son côté fit un pas vers sa mère. Quant à Henri, il feignit de ne rien voir, et surveilla son allié de plus près qu’il n’avait fait encore.

Chacun attendait un événement.

Or, tandis que chacun était dans l’attente de cet événement, certain pour les uns, probable pour les autres, un matin que le soleil s’était levé rose et distillant cette tiède