jamba le balcon, et, voyant que la reine ne venait pas au-devant de lui, demeura quelques secondes hésitant. Mais, à défaut de Marguerite, Henri s’avança :
— Tiens, dit-il gracieusement, ce n’est point de Mouy, c’est M. de La Mole. Bonsoir, monsieur de La Mole ; entrez donc, je vous prie.
La Mole demeura un instant stupéfait. Peut-être, s’il eût été encore suspendu à son échelle au lieu d’être posé le pied ferme sur le balcon, fût-il tombé en arrière.
— Vous avez désiré parler au roi de Navarre pour affaires urgentes, dit Marguerite ; je l’ai fait prévenir, et le voilà.
Henri alla fermer la fenêtre.
— Je t’aime, dit Marguerite en serrant vivement la main du jeune homme.
— Eh bien ! Monsieur, fit Henri en présentant une chaise à La Mole, que disons-nous ?
— Nous disons, sire, répondit celui-ci, que j’ai quitté M. de Mouy à la barrière. Il désire savoir si Maurevel a parlé et si sa présence dans la chambre de Votre Majesté est connue.
— Pas encore, mais cela ne peut tarder ; il faut donc nous hâter.
— Votre opinion est la sienne, sire, et si demain, pendant la soirée, M. d’Alençon est prêt à partir, il se trouvera à la porte Saint-Marcel avec cent cinquante hommes ; cinq cents vous attendront à Fontainebleau : alors vous gagnerez Blois, Angoulême et Bordeaux.
— Madame, dit Henri en se tournant vers sa femme, demain, pour mon compte, je serai prêt, le serez-vous ?
Les yeux de La Mole se fixèrent sur ceux de Marguerite avec une profonde anxiété.
— Vous avez ma parole, dit la reine : partout où vous irez, je vous suis ; mais vous le savez, il faut que M. d’Alençon parte en même temps que nous. Pas de milieu avec lui, il nous sert ou il nous trahit ; s’il hésite, ne bougeons pas.
— Sait-il quelque chose de ce projet, monsieur de La Mole ? demanda Henri.
— Il a dû, il y a quelques jours, recevoir une lettre de M. de Mouy.
— Ah ! ah ! dit Henri, et il ne m’a parlé de rien !
— Défiez-vous, Monsieur, dit Marguerite, défiez-vous.