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la princesse flora

Je me précipite. Mon cœur pique midi. Je la vois venant de côté, et je saute, pour lui couper le chemin, par-dessus une plate-bande de fleurs. Je la rencontre, et je reste devant elle, sans parole, sans respiration. Il me sembla qu’un gouffre de flammes tourbillonnait devant mes yeux. Ma langue était paralysée ; un danger sans conséquence avait passé entre nous, et, comme si ce danger avait amené une longue séparation, nous avions une foule de choses à nous dire ; j’étais si joyeux et si troublé tout à la fois, que j’avais oublié d’ôter ma casquette ; mais, si j’étais troublé, moi, elle aussi était troublée ; elle rougissait et pâlissait en même temps ; elle me tendit ses deux petites mains ; elle était prête à crier d’étonnement, à pleurer de joie ; oui, oui, de joie, ce n’était pas un rêve d’amour-propre !

Cette scène muette fut pour moi ravissante. Cette physionomie, toute brûlante d’amour, m’enivrait, et, dans un instant, tout disparut comme ces brouillards que nous autres marins prenons si souvent pour des rivages.

La princesse reprit un peu de sang-froid. Sa phy-