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la princesse flora

plus aimable sourire, que nous n’avons aucun motif de nous quereller.

— Sans doute, répondis-je, nous n’avons pas de motif pour nous quereller ; mais nous avons un motif pour nous battre, et un motif très suffisant ; vous m’avez triplement offensé : comme Russe, comme homme et comme officier. Une balle décidera notre affaire, et, dans un instant, tout sera fini.

— Mais comment la balle pourra-t-elle décider, capitaine ? me répondit-il. Celui qui sera tué sera toujours coupable ; et si c’est vous qui êtes tué ?

— Que voulez-vous que j’y fasse, monsieur ? Est-ce ma faute si les lois du monde ont décidé que le hasard devait régler le droit ? Si vous ajustez bien, je serai tué ; on me portera en grande cérémonie au cimetière ; et vous, le soir, au théâtre, vous irez raconter aux curieux les détails de notre affaire.

— Vous en parlez bien à votre aise, capitaine ; mais notre empereur ne peut pas souffrir les duels, et, si l’un de nous tue l’autre, on donnera au vainqueur une cellule un peu plus grande que celle où sera couché son adversaire. Songez-y, capitaine.