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la princesse flora

Pravdine sembla sortir d’un songe.

— C’est facile à demander, Nil ; mais il est difficile de répondre. Une trombe de pensées, pareille à celle qui nous donnait la chasse tout à l’heure, tourbillonne dans mon cerveau. J’ai un abîme dans le cœur. Si j’étais forcé de te dire toutes mes pensées, j’aurais les cheveux blancs avant de finir. Pourtant, comme il n’y a pas d’effet sans cause, quand même je ne serais pas en état de te raconter mes pensées, je ne t’en cacherai pas la cause. Cette cause, la voici : on nous a séparés de l’escadre qui est en rade de Cronstadt ; notre frégate a reçu l’ordre d’entrer dans la Méditerranée et de porter des ordres aux amiraux alliés et au président de la Grèce.

— Et sans doute que nous emporterons avec nous un certain nombre de boulets pour régaler les Turcs. Dût la grande vergue me tomber sur la tête, je veux absolument avoir affaire à un des bâtiments du pacha.

— Mais, moi, mon cher Nil, je rougis devant moi. Mon âme se partage en deux parts : l’une désire rester à Pétersbourg, l’autre aspire aux voyages, à la