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Les yeux de Lenovitch, quelque diplomate qu’il fût, ne purent cacher une larme.

Le jeune militaire se taisait, en proie à de pénibles réflexions. Mais l’orchestre fit entendre sa voix, le rideau se leva… et le sort de Flora fut oublié.

L’oubli nous attend tous, l’oubli inoffensif. Mais peut-être, un jour, quelque Lovelace sans âme saura extraire un doux poison de l’amour de Flora et de Pravdine, en ne racontant à l’inexpérience que ce qui peut servir ses projets. Peut-être lira-t-il cette histoire du cœur en tête-à-tête dans le boudoir de quelque charmante femme, à laquelle il n’aura jusqu’à ce moment osé dire, que des yeux seulement : « Je vous aime ! » Les couleurs de la passion animeront ses joues, sa voix tremblera sous la feinte émotion de son âme, et une larme d’emprunt brillera sur ses cils… Il épiera avidement un soupir de tristesse, une larme de compassion, la compassion étant l’avant-coureur de l’amour, et, lorsqu’il aura saisi ces signes, il tombera aux genoux de la femme émue en s’écriant :