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la ville, le charme du paysage, la nouveauté du sujet, ne parvinrent point à distraire les amants, auxquels chaque maison, chaque pas sur la terre ferme disaient : « Il faut vous séparer ! » Et enfin, il fallut prononcer le mot adieu ! ce mot qui représente les arrhes du déchirement de la séparation, ce mot semblable à la cheville de fer à l’aide de laquelle on tend la corde de l’arc qui, à chaque souffle de l’air, fait entendre un cri de douleur.

Il fallait se séparer, mais non se séparer comme des amants, comme des époux, pressés l’un contre l’autre, séchant sous des baisers les larmes du chagrin ; non ! il fallait se quitter avec un salut, cacher sous un sourire ses larmes à de dangereux témoins, voiler ses soupirs par les expressions banales de la politesse, souhaiter le bonheur en ayant l’enfer dans le cœur. Cet enfer est toujours le lot de ceux qui attellent leur âme au bien d’autrui, qui, en les volant cueillent les fruits de l’Éden. Le véritable propriétaire reprend son bien comme il reprend à son esclave son cafetan du dimanche, et l’esclave n’a pas le droit de réclamer. Il cache en son cœur