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pour moi ; j’aime, penché au-dessus de ton onde, j’aime rêver à ce qui n’est plus ; je suis heureux lorsque mon coursier, le long du rivage sablonneux, fait jaillir ton écume, et je regarde les vagues effacer en un clin d’œil la trace de mon passage !

C’est mon passé et mon avenir !

Pendant que Pravdine, rêveur, contemplait les yeux noirs de Flora, Flora, de son côté, sondait la profondeur des yeux bleus de Pravdine, admirait l’ombre qu’y projetaient les cils et les sourcils noirs, admirait les anneaux de sa brune chevelure.

Au bras l’un de l’autre, ils regardaient le sillon d’écume que creusait la poupe, sillon toujours nouveau et toujours effacé. Les vagues, semblables à des amis, tantôt leur souriaient, tantôt les menaçaient, et, frappant en cadence les flancs de la frégate, résonnaient, comme des vers de Pouchkine, sous les rayons du soleil ; elles se réunissaient en gerbes irisées à la lueur de la lune ; elles scintillaient en lames d’argent, et, dans la nuit noire, c’était une