Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/151

Cette page n’a pas encore été corrigée

autour de lui si nul n’a pu l’entendre, et tremblant de la hardiesse de son imagination, avec laquelle, après avoir fait connaissance, il finit par s’habituer.

Bientôt elle le domine entièrement, et il devient aussi orgueilleux d’avoir ravi un premier baiser que Prométhée lorsqu’il déroba le feu du ciel. Sa joie, bouillonnant comme un flacon de champagne (je suis convaincu que le bonheur est une sorte de gaz que les chimistes analyseront quelque jour), déborde son cœur, et, une fois évaporée, comme la nature, en dépit de Pascal, s’oppose au vide, de nouveaux et ardents désirs s’introduisent à la place des anciens. L’habitude gâte le jeune fou ; la concession d’hier est un droit pour demain ! Selon moi, le cœur ressemble fort au cabinet de Westminster, qui sait tout obtenir par ses importunités et ses trafics, puis met dehors ceux qui l’ont servi.

— Si tu m’aimes ! dit l’amant avec de tendres caresses ; encore cela, cela seulement, et je serai heureux comme un dieu.

Mais le dieu en question est un dieu païen, l’ambroisie