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amolli le marbre pour la chair ; mais sa pensée, en venant l’animer, a rendu la chair diaphane et aérienne ; en un mot, il y a imprimé l’âme. Une série d’idées toutes différentes assiégeaient en ce moment l’esprit de Pravdine.

Combien d’événements, que de figures historiques avaient passé en peu d’années au pied de ce marbre ! Que de fois devant lui avait peut-être pleuré l’impératrice détrônée des Français ! Sur lui était tombé, rapide comme l’éclair, le regard de Napoléon, avide de conquérir le monde. Que de rois et de généraux avaient regardé ce groupe, les uns avec la distraction de la satiété, d’autres avec l’indifférence de l’ignorance, beaucoup en se disant : « Pourquoi n’est-ce point à moi ? » Et où est allé ce marbre après avoir quitté les Tuileries ? et où se trouvent tous ceux qui l’ont admiré il y a si peu de temps, et là-bas, et ici ?…

— Les uns ne sont plus, les autres sont loin ! pensait Pravdine en soupirant.

Installé le matin de je ne sais quel jour de fête, sans savoir lui-même comment, aux pieds de Psyché,