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la princesse flora

mot qui mérite de rester dans ma mémoire. Ils parlaient de tout ; mais qu’ont-ils dit ? Un seul, en causant avec moi, fit une bonne appréciation.

— Regardez près de vous, regardez loin de vous, regardez autour de vous, me dit-il ; n’est-ce pas que tout ce bal ressemble à un jardin anglais ? Les plumes et les fleurs des dames tremblent comme des plantes sous les baisers du zéphyr ; là se déroule la danse polonaise, comme un sentier vivant ; là, une masse d’officiers, avec leurs panaches, semblent un massif de palmiers. Voilà, en petit, nos monts Ourals avec leurs sables dorés. Voilà une grotte avec son écho ; cet écho est le plus formidable de tous ceux que vous ayez jamais entendus : il peut répéter jusqu’à cent fois le mot moi. Plus loin, voyez ce dos voûté : c’est un pont qui ne mène nulle part. Partout des clefs en or, mais qui n’offrent absolument rien ; des espèces d’urnes funéraires renfermant, au lieu de cendres, du tabac de France ou d’Espagne, et, autour de ces monuments, les innocentes jeunes filles se promenant avec les spirituelles pensées d’un troupeau de brebis ; et, si vous me permettez de