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et m’éclipsai. Je m’enfuis à toutes brides… Roule, isvotschik, crève tes chevaux ; cinq, dix, vingt roubles seront ton pourboire ! Je volais ; les roues brûlaient le pavé ; je désirais, par la rapidité, faire naître l’oubli de moi-même et n’y parvenais point !

Mille sentiments bizarres s’étaient déchaînés dans mon sein : tantôt je les contemplais, elle et lui, du haut des sommets glacés du dédain. Mérite-t-elle non seulement un soupir, mais même un regard, la femme qui se laisse éblouir par le clinquant, captiver par de vulgaires flatteries ? Puis une profonde et brûlante envie pénétrait dans mon âme. Qu’enviais-je ? La brillante nullité de ces amoureux de salon, leurs manières de poupée, leur ramage d’oiseau près des dames. Ce n’est pas tout, j’enviais aussi la séduisante fortune du sot, l’amitié des mauvais sujets, le talent de faire des dettes énormes, le savoir du joueur à gagner aux cartes, la bassesse de se vendre cher ou l’adresse de voler poliment les autres, tous les moyens enfin qui m’eussent donné la facilité de me trouver fréquemment près d’elle, de l’étonner, de briller dans un monde où l’or, de