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que tu dis, et il me paraît, tout au contraire, que nos dames de Saint-Pétersbourg sont inabordables.

— En vérité, mon cher, s’écria Granitzine en éclatant de rire, je regarde autour de moi pour savoir de qui tu parles ! N’étais-tu pas enseigne sur le vaisseau de l’amiral Noé ? Mais avec cette crédulité antédiluvienne, tu pourrais bien, en effet, n’aller jamais plus loin que le salon. Ah ! mon pauvre ami, croire à l’inaccessibilité de nos femmes ! mais c’est croire aux vertus consignées dans les épitaphes. Le siècle des Potemkine est déjà loin pour les amants, mais nous y touchons encore pour l’amour. Tu crois à une femme, n’est-ce pas ? parce qu’elle vient au bal avec son mari, qu’elle l’appelle son cher bon et qu’elle le baise au front devant tout le monde. Mais, avec son cavalier servant, elle parle de la dernière parade, et elle chante le Lac, de Lamartine. Ne te trompe pas aux apparences, cher ami, le diable n’y perd rien. La dame sait parfaitement bien qu’aucun diable boiteux n’enlèvera le toit de son boudoir, et que la serrure de sa chambre à coucher, dès qu’on