métamorphosée en femme, il ne pouvait plus supporter la solitude, qui, auparavant, lui était agréable. Il se jeta dans toutes les distractions qu’il put trouver ; être avec elle ou n’être plus avec lui-même, voilà quelle fut la pensée de son cœur, et il se mit à courir les boulevards, les promenades et les théâtres.
Un jour, dans une de ces courses, il rencontra sur son chemin le capitaine Granitzine.
— Ah ! mon cher, que faites-vous aujourd’hui ?
— Vous le voyez, rien au monde ; je flâne.
— Dînons-nous ensemble ?
— Parfaitement.
Et tous deux s’acheminèrent vers un restaurateur.
De parole en parole, de verre en verre, les langues se délièrent et les cœurs commencèrent à mousser comme le champagne. On était aux jours des victoires contre les Turcs. On but à la santé des vainqueurs de Varna et d’Akhalstsike ; on but à la gloire de la Russie, à la longue vie de l’empereur, à la conservation de l’héritier. On