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Il réfléchit longtemps et sembla prendre une résolution difficile.

Pendant qu’il réfléchissait à la lueur d’une lampe de cuivre éclairant la chambre, son visage était pâle et son front ruisselait de sueur.

À chaque bruit qui se faisait autour de lui, ce bruit fût-il aussi insaisissable que le frémissement de l’aile du moucheron, Hoffmann tressaillait, se retournait et regardait autour de lui avec terreur.

La prédiction de l’officier lui revenait à l’esprit, il murmurait tout bas des vers de Faust, et il lui semblait voir, sur le seuil de la porte, le rat rongeur ; dans l’angle de sa chambre, le barbet noir.

Enfin son parti fut pris.

Il mit à part mille thalers, qu’il regardait comme la somme grandement nécessaire pour son voyage, fit un paquet des quatre mille autres thalers ; puis, sur le paquet, colla une carte avec de la cire, et écrivit sur cette carte :

À Monsieur le bourgmestre de Kœenigsberg, pour être partagé entre les familles les plus pauvres de la ville.

Puis, content de la victoire qu’il venait de remporter sur lui-même, rafraîchi par ce qu’il venait de faire, il se déshabilla, se coucha, et dormit tout d’une pièce jusqu’au lendemain à sept heures du matin.

À sept heures il se réveilla, et son premier regard fut pour ses mille thalers visibles et ses quatre mille thalers cachetés. Il croyait avoir fait un rêve.

La vue des objets l’assura de la réalité de ce qui lui était arrivé la veille.

Mais ce qui était une réalité surtout, pour Hoffmann,