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tude et sa régularité, un trop grand ennemi des arts et de l’imagination que cet oncle d’Hoffmann ; il tolérait même la musique, la poésie et la peinture ; mais il prétendait qu’un homme sensé ne devait recourir à de pareils délassemens qu’après son dîner, pour faciliter la digestion. C’était sur ce thème qu’il avait réglé la vie d’Hoffmann : tant d’heures pour le sommeil, tant d’heures pour l’étude du barreau, tant d’heures pour le repas, tant de minutes pour la musique, tant de minutes pour la peinture, tant de minutes pour la poésie.

Hoffmann eût voulu retourner tout cela, lui, et dire : tant de minutes pour le barreau, et tant d’heures pour la poésie, la peinture et la musique ; mais Hoffmann n’était pas le maître ; il en était résulté qu’Hoffmann avait pris en horreur le barreau et son oncle, et qu’un beau jour il s’était sauvé de Kœnigsberg avec quelques thalers en poche, avait gagné Heidelberg, où il avait fait une halte de quelques instans, mais où il n’avait pu rester, vu la mauvaise musique que l’on faisait au théâtre.

En conséquence, de Heidelberg il avait gagné Mannheim, dont le théâtre, près duquel, comme on le voit, il s’était logé, passait pour être le rival des scènes lyriques de France et d’Italie ; nous disons de France et d’Italie, parce qu’on n’oubliera point que c’est cinq ou six ans seulement avant l’époque à laquelle nous sommes arrivés qu’avait eu lieu, à l’Académie royale de musique, la grande lutte contre Gluck et Piccini.

Hoffmann était donc à Mannheim, où il logeait près du théâtre, et où il vivait du produit de sa peinture, de sa musique et de sa poésie, joint à quelques frédérics d’or que sa