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cifié ; seul parmi ses auditeurs, il l’avait prévenu des mauvaises intentions de Pilate à son égard. C’était surtout le Juif errant que Nodier avait eu l’occasion de rencontrer : la première fois à Rome, du temps de Grégoire VII ; la seconde fois à Paris, la veille de la Saint-Barthélemy, et la dernière fois à Vienne en Dauphiné, et sur lequel il avait des documens les plus précieux. Et à ce propos il relevait une erreur dans laquelle étaient tombés les savans et les poëtes, et particulièrement Edgar Quinet : ce n’était pas Ahasvérus, qui est un nom moitié grec moitié latin, que s’appelait l’homme aux cinq sous, c’était Isaac Laquedem : de cela il pouvait en répondre, il tenait le renseignement de sa propre bouche. Puis de la politique, de la philosophie, de la tradition, il passait à l’histoire naturelle. Oh ! comme dans cette science Nodier distançait Hérodote, Pline, Marco Polo, Buffon et Lacépède ! Il avait connu des araignées près desquelles l’araignée de Pélisson n’était qu’une drôlesse ; il avait fréquenté des crapauds près desquels Mathusalem n’était qu’un enfant ; enfin il avait été en relation avec des caïmans près desquels la tarasque n’était qu’un lézard.

Aussi il tombait à Nodier de ces hasards comme il n’en tombe qu’aux hommes de génie. Un jour qu’il cherchait des lépidoptères, c’était pendant son séjour en Styrie, pays des roches granitiques et des arbres séculaires, il monta contre un arbre afin d’atteindre une cavité qu’il apercevait, fourra sa main dans cette cavité, comme il avait l’habitude de le faire, et cela assez imprudemment, car un jour il retira d’une cavité pareille son bras enrichi d’un serpent qui s’était enroulé à l’entour ; un jour donc