je vous avoue que je n’ai rien à vous offrir pour les intérêts.
— Pour les intérêts d’une nuit, dit le changeur, allons donc, vous voulez rire ; les intérêts de trois louis pour une nuit, et à un compatriote ! jamais.
Et il lui rendit le médaillon.
— Merci, monsieur, dit Hoffmann ; et maintenant, continua-t-il avec un soupir, je vais chercher de l’argent pour retourner à Mannheim.
— À Mannheim, dit le changeur, tiens, vous êtes de Mannheim ?
— Non, monsieur, je ne suis pas de Mannheim, mais j’habite Mannheim : ma fiancée est à Mannheim ; elle m’attend, et je retourne à Mannheim pour l’épouser.
— Ah ! fit le changeur.
Puis, comme le jeune homme avait déjà la main sur le bouton de la porte :
— Connaissez-vous, dit le changeur, à Mannheim, un ancien ami à moi, un vieux musicien ?
— Nommé Gottlieb Murr ? s’écria Hoffmann.
— Justement ! Vous le connaissez ?
— Si je le connais ! je le crois bien, puisque c’est sa fille qui est ma fiancée.
— Antonia ! s’écria à son tour le changeur.
— Oui, Antonia, répondit Hoffmann.
— Comment, jeune homme ! c’est pour épouser Antonia que vous retourniez à Mannheim ?
— Sans doute.
— Restez à Paris, alors, car vous feriez un voyage inutile.